Nous n’allons pas vous parler de lunettes, ce n’est pas notre branche (héhé) mais des protections solaires issues de la cosmétique naturelle et bio.
Si nous ne les utilisons qu’une petite partie de l’année, les protections solaires posent de nombreuses questions : origines des agents photo-protecteurs utilisés – pétrochimiques ou naturels – entre produits conventionnels et cosmétique bio et naturelle ; présence ou non de nano-particules ; choix du produit suivant son phototype et utilisation (« j’en mets combien ? ») ; sans oublier l’impact sur l’environnement, dont les media parlent de plus en plus, et c’est tant mieux…
La compo
Les produits solaires proposés dans nos magasins sont a minima certifiés Cosmos Organic. Cette certification garantit au minimum 95% d’ingrédients d’origine naturelle, contre moins de 5% environ en cosmétique conventionnelle ; elle garantit également 95% d’ingrédients bio sur l’ensemble des ingrédients pouvant être bio (les produits agricoles, certifiables en agriculture bio : végétaux, cire d’abeille, laits…).
20% d’ingrédients minimum doivent être bio sur le total du produit (10% pour les produits à rincer et minéraux). ça fait pas beaucoup 20% d’ingrédients bio, non ? En fait si… Sachant que les produits cosmétiques comportent souvent 50% à 80% d’eau, ingrédient non certifiable, et/ou des minéraux, produits non certifiables également, ce minimum de 20% : c’est déjà beaucoup.
Biocoop va plus loin, en imposant à ses fournisseurs, dès que possible, l’utilisation de composants issus de l’agriculture biologique. Bref : tout ce qui peut être certifié bio doit l’être.
Plus d’info sur la cosmétique bio et naturelle ici
Ecrans minéraux VS filtres pétrochimiques
Ingrédients centraux dans les protections solaires : les agents photoprotecteurs. On en distingue trois types :
– les écrans, qui réfléchissent et dispersent les radiations solaires,
– les filtres, qui absorbent l’énergie du rayonnement ultra-violet,
– les pièges à radicaux libres solaires : ce sont des antioxydants, qui ne protègent pas du rayonnement, mais atténuent les effets ionisants des radiations qui n’ont pas été filtrées.
Dans les crèmes solaires conventionnelles, ce sont des filtres issus de la pétrochimie, qui absorbent l’énergie des rayons ultraviolets UVA et UVB. Citons parmi eux : l’octocrylène, le benzophenone 2 et oxybenzone, tous les trois perturbateurs endocriniens et potentiels allergisants.
Ces produits sont interdits en cosmétique bio et naturelle. Où on utilise des écrans minéraux naturels, qui réfléchissent les radiations solaires, comme un miroir, afin de les empêcher de pénétrer la peau. Ces écrans sont le dioxyde de titane et l’oxyde de zinc. L’oxyde de zinc est présent dans la nature sous forme de zincite, le dioxyde de titane sous la forme de rutile.
Pourquoi choisir une crème solaire bio, article du blog Cosmebio
Des nanoparticules, dans les écrans minéraux ?
Ces deux filtres minéraux naturels, que le label Cosmébio et les membres fondateurs du cahier des charges COSMOS ont choisi d’autoriser pour offrir une alternative aux filtres pétrochimiques, font cependant régulièrement débat sur un point : ils peuvent contenir des particules de taille nano. Leur utilisation est autorisée, mais dans les conditions suivantes ; ils doivent contenir :
– moins de 50% en nombre de particules ayant une taille inférieure à 100 nm (nanomètres),
– moins de 10% en masse des particules ayant une taille inférieure à 100 nm.
Un nanomètre est égal à un milliardième de mètre. à titre de comparaison, un élément de taille nanométrique par rapport à un être humain, cela correspond à la taille d’une fourmi par rapport à la Terre…
Les fabricants de protections solaires qui ont recours au dioxyde de zinc ou à l’oxyde de titane sous forme de nanomatériaux doivent le stipuler dans la liste INCI, qui figure obligatoirement sur l’emballage sous la forme suivante :
Zinc Oxide [nano] et Titanium Dioxide [nano].
C’est quoi le nano problème ?
Un nanomatériau est un matériau insoluble ou bio-persistant, fabriqué intentionnellement, et composé de nano-particules, des particules réduites à l’état microscopique.
Depuis plus d’une vingtaine d’années, l’industrie investit massivement dans les nanotechonologies ; car à cette échelle nanométrique, les matières révèlent des propriétés insoupçonnées. Le carbone devient cent fois plus résistant que l’acier ; le nano-argent tue les bactéries ; le nano-silice est utilisé comme anti-agglomérant dans les produits alimentaires industriels en poudre (l’additif E551) ; le dioxyde de titane, utilisé comme un pigment blanc, devient transparent à l’échelle nano, est photocatalyseur et anti-UV ; on le retrouve comme ciment anti-mousse dans le bâtiment, mais aussi dans les cosmétiques, les dentifrices ; et en alimentaire (E171) dans le glaçage des gâteaux et confiseries industriels.
Bref : les nanoparticules sont désormais PAR-TOUT dans notre environnement, à travers nombre de produits industriels.Alors que l’on connaît encore mal leurs effets sur la santé et l’environnement, à long terme… Et c’est bien ça le problème !
Pas de [nano] dans nos solaires, pas de « sans nano » non plus : hein ?!
Dans les gammes solaires proposées à Biocoop Scarabée : vous ne trouverez pas de Zinc Oxide [nano] et de Titanium Dioxide [nano] dans les formules proposées par nos fournisseurs, contrairement aux formules proposées dans certains produits conventionnels ; par contre, et c’est ce qui fait toute la complexité de cette question : ces produits peuvent tout de même contenir des nanoparticules.
Pourquoi ? Parce qu’actuellement, il n’existe aucune méthode de référence applicable pour caractériser la taille et la proportion des particules. Il est ainsi possible d’obtenir des résultats différents selon la méthode utilisée par le laboratoire d’analyse.
C’est pourquoi le label Cosmébio s’est positionné en faveur de l’application du principe de précaution et a interdit de revendiquer la mention « sans nanoparticules » sur les emballages des produits solaires concernés.
Et si cela passait la barrière de la peau ?
Principale crainte que crée la présence de nano-particules de dioxyde de titane et d’oxyde de zinc dans les solaires bio : qu’elles passent la barrière de la peau, sans en connaître leurs effets. Le rapport le plus récent à ce sujet est celui du Comité de la Prévention et de la Précaution (CPP) du Ministère de la Transition écologique et Solidaire, paru le 3 février 2020 (1). Les études réalisées sur des peaux reconstituées en laboratoire concluent qu’il n’y a pas de passage vers le derme, en peau saine. Les nanoparticules restent en surface de l’épiderme ou sont présentes dans le « stratum corneum », la couche à la surface de la peau, mais n’arrivent pas à pénétrer ou à traverser les couches vivantes de l’épiderme.
Le rapport module cependant ce constat « selon l’intégrité de la barrière cutanée ou la présence de maladies de la peau », comme la dermatite allergique de contact, l’eczéma atopique et le psoriasis ; mais aussi (…) l’usage de détergents irritants et de produits chimiques, qui peuvent augmenter l’absorption au travers de lésions cutanées.
Le dernier rapport d’évaluation de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) de juin 2011 sur ce sujet va également dans ce sens : il recommande de ne pas utiliser de protection solaire contenant des nanoparticules sur une peau lésée, à la suite de coups de soleil par exemple.
Les dangers supposés des nanomatérieux sont essentiellement mis en évidence, à ce jour, par exposition par voie pulmonaire, particulièrement dans le cas d’expositions professionnelles répétées, ou par ingestion, là aussi de manière répétée. Si vous êtes à peu près sain d’esprit, normalement : peu de risque que vous mangiez votre protection solaire…
La position de Biocoop sur les nano dans les produits solaires
Biocoop se fixe pour objectif de ne plus avoir de dioxyde de titane ou d’oxyde de zinc dans les produits solaires référencés dans son catalogue général d’ici 2022. Si aucune toxicité avérée à l’application des écrans minéraux n’a été démontrée à ce jour, et qu’aucune alternative conforme à la réglementation cosmétique n’existe pour le moment, notre réseau a fait le choix de poursuivre la distribution, tout en mettant une pression importante sur ses fournisseurs et sur l’ensemble de la filière pour favoriser cette évolution.
Pas de solution idéale à ce jour
Contre les effets cancérigènes indéniables du soleil sur la peau, reste à chacun de faire son choix : protections « conventionnelles », contenants des ingrédients pétrochimiques, parfois sous forme de nano-matériaux, pouvant contenir des filtres étant des perturbateurs endocriniens ou allergisants avérés.
Ou le choix de protections solaires bio, avec des ingrédients en quasi totalité d’origine naturelle ; dont, dans nos magasins, tous les ingrédients qui peuvent être certifiés bio le sont ; qui n’ont pas recours au Zinc Oxide [nano] et Titanium Dioxide [nano] ; mais dont les filtres minéraux, en l’absence de méthode de référence à ce jour, peuvent contenir des nano-particules.
Nous vous invitons évidemment à opter pour la seconde ; et toujours en évitant de vous exposer aux heures les plus chaudes, où le soleil donne la même couleur au gens : rouge écarlate…