Notre coopérative, sociétaire du réseau Biocoop, souhaite réagir au reportage diffusé sur France Inter le samedi 16 janvier. Non pas sur les propos qui concernent le réseau dans sa dimension nationale, auxquels nous laissons le soin à Biocoop de répondre, mais sur plusieurs points abordés à travers les exemples évoqués dans ce reportage, dans lesquels nous ne nous reconnaissons pas.
Notre réseau, à travers les exigences de son cahier des charges, est comparable à un cadre, dans lequel il appartient à chaque sociétaire d’être plus ou moins militant. Par souci de transparence vis-à-vis de nos client.e.s et sociétaires, nous tenons à préciser comment nous nous situons dans ce cadre.
« La structure du réseau a évolué (…). Elle est passé d’une culture coopérative où le consommateur était au centre du fonctionnement, à une culture de rentabilité. Les SARL familiales ont supplanté les coopératives de consommateurs. »
(www.franceinter.fr/biocoop-quand-le-modele-cooperatif-lorgne-sur-la-grande-distribution)
Biocoop Scarabée est, depuis son origine en 1983, une coopérative de consommateur.rice.s. À Rennes, nous souhaitons plus que jamais soutenir cette culture coopérative, en proposant à nos sociétaires, en juin prochain, d’adopter les statuts de Société Coopérative d’Intérêt Collectif ; statuts encore plus exigeants, en terme d’engagements éthiques, que ses statuts coopératifs actuels ; et qui garantissent une gestion au service d’un projet collectif – le développement de l’agriculture bio paysanne et locale -, et non de quelque intérêts particuliers.
« Biocoop s’est éloigné des agriculteurs »
Nos magasins et restaurants rennais travaillent avec plus de 200 fournisseur.euse.s locaux.ales. Il s’agit majoritairement de « petit.e.s » fournisseur.euse.s direct.e.s, comptant au maximum 3 salarié.e.s en ETP (Équivalent Temps Plein).
Pour contribuer, à notre niveau, à pérenniser leur activité, les marges appliquées sur les produits fournis par ces fournisseur.euse.s locaux.ales et direct.e.s sont plus basses.
Si nous ne sommes, il est vrai, pas agriculteur.rice.s, et ne prétendons pas l’être, nous faisons le maximum pour être en lien et travailler en concertation avec nos fournisseur.euse.s direct.e.s et être à l’écoute de leurs contraintes.
Au niveau des fruits et légumes, notre coopérative a été pionnière en organisant une planification de la production avec les fournisseur.euse.s maraîcher.ère.s locaux.ale.s et direct.e.s. Planification où le référent « fruits et légumes » pour nos magasins annonce ses besoins pour l’année à venir, où les maraîcher.ère.s peuvent avoir une visibilité sur l’organisation de leur production en amont, et se concerter pour être complémentaires sur les variétés commercialisées. Un échange en toute transparence, qui permet à chacun d’anticiper, de s’organiser, et qui a permis à certains maraîcher.ère.s nouvellement installé.e.s de se lancer avec la garantie d’un débouché.
L’élaboration du prix est par ailleurs réalisée en concertation avec les fournisseur.euse.s, en tenant compte de leurs coûts de production. Ce qui est, aussi, un moyen ultra concret de rester à leur écoute et à l’écoute des contraintes qu’ils rencontrent. Chaque référent.e-produits rencontre les nouveaux.elles fournisseur.euse.s direct.e.s.
Si l’intensité du quotidien de travail ne nous permet que trop peu d’aller chez les producteur.rice.s, et eux.elles de se rendre disponibles pour réaliser des animations en magasins, notre coopérative tient à créer autant que faire se peut la rencontre entre producteur.rice.s et consommateur.rice.s.
Des visites chez nos fournisseur.euse.s sont chaque année proposées aux client.e.s, sociétaires ou non, dans notre programme d’animations.
Dans la même optique, nous organisons chaque année un grand évènement gratuit, le Scarabio Festival, où les Rennais.e.s peuvent venir rencontrer une trentaine de nos fournisseur.euse.s locaux.ales autour d’un grand marché bio et local. L’occasion de mettre un visage derrière les produits proposés dans nos magasins, des poser des questions, de se rencontrer…
« Côté salarial, Biocoop propose toujours des conditions sociales plus avantageuses que dans le reste de la grande distribution. Le siège préconise d’y embaucher au salaire minimum augmenté de 10 %. Mais il n’est pas rare que le travail des dimanches et des jours fériés ne soit pas plus valorisé qu’ailleurs dans la filière, et des avantages qui existaient il y a quelques années ont été supprimés. »
Biocoop Scarabée respecte une grille salariale qui se situe systématiquement au-dessus de celle de la Convention Collective « Commerce de détail des fruits et légumes, épicerie et produits laitiers », dont nous dépendons. Le cahier des charges Biocoop impose un rapport maximal de 1 à 5 entre le plus bas et le plus haut salaire. Le ratio actuel dans notre coopérative est de 1 à 3,26 d’écart maximum, bien au-delà des exigences du cahier des charges.
Pas de travail les dimanches et jours fériés à Biocoop Scarabée. À l’exception du 11 novembre, journée de solidarité qui correspond à une obligation légale, où l’ensemble des équipes se réunit pour réfléchir et travailler sur un sujet relatif à la coopérative.
Parmi les avantages proposés, et non des moindres, la remise sur achat dont bénéficient les salarié.e.s est de 30%. Le cahier des charges Biocoop impose un minimum de 15%.
L’ensemble des salarié.e.s a été sollicité pour participer à l’élaboration du processus d’augmentation de salaire. Neuf personnes représentant la diversité des activités de la coopérative (restaurants, magasins, fonctions- supports) ont finalisé ce processus.
La décision d’augmenter ou non un salarié revient à un collège composé : du coordinateur.rice de l’équipe, celui que nous appelons dans notre organisation interne en holacracy le « premier lien », pour sa vision globale du magasin ou de l’équipe concernée ; le « second lien », qui a pour mission habituelle de porter la parole des membres de son équipe au niveau de l’organisation globale, en cas de problème ; une personne du service « Ressources Humaines » en charge de la rémunération, qui garantit le respect de l’équité et du processus ; et enfin le.la référent.e « métier », qui peut évaluer les qualités et compétences liées à l’opérationnel et au métier. Cette diversité de points de vue permet d’éviter les jeux de pouvoir ou le fait d’amener des conflits personnels dans des demandes importantes pour le salarié et pour la coopérative.
Plus de 600 magasins-sociétaires font aujourd’hui le réseau Biocoop. S’ils sont rassemblés autour d’un cahier des charges sans doute parmi les plus exigeants dans le domaine de la distribution alimentaire, en terme de qualité de produits, de commerce équitable, d’écologie, de soutien à l’agriculture bio paysanne et locale, ces magasins ont des parcours, des histoires, des statuts différents.
Notre coopérative ne prétend pas être parfaite, mais nous faisons en tous cas au mieux pour porter haut nos valeurs, dans un contexte de fort développement du réseau. Où il s’agit de « faire coopérative », tout en gardant nos spécificités.
Nous restons évidemment disponibles pour répondre à toute autre interrogation : contact@scarabee-biocoop.fr